Quand le Corps et l’Esprit sont Dépassés
« Le trauma n’est pas ce qui nous arrive, mais ce que nous retenons à l’intérieur, en l’absence d’une solution. » Peter Levine.
Le traumatisme peut être vécu comme une « effraction du psychisme », selon les mots de L. Crocq. Il survient lorsque nous sommes confrontés à des situations qui dépassent nos capacités d’adaptation. Qu’il s’agisse d’un événement brutal (accident, agression) ou d’une exposition prolongée à des conditions adverses (maltraitances, négligences), ces expériences bouleversent profondément notre équilibre intérieur et laissent des traces durables.
Le Stress : Une Réaction Naturelle à la Menace
Face au danger, notre cerveau active des mécanismes de survie pour mobiliser toutes nos ressources. Ces réponses biologiques, orchestrées par plusieurs hormones, permettent de fuir, de combattre ou, dans certains cas, de se figer.
- Adrénaline (épinéphrine) : Cette hormone, libérée immédiatement, prépare le corps à l’action : Accélération du rythme cardiaque et augmentation de la respiration. Libération de glucose pour un apport d’énergie immédiat.
- Noradrénaline (norépinéphrine) : Elle améliore la concentration et optimise le flux sanguin vers les muscles, augmentant ainsi les chances de survie.
- Cortisol : Lorsque le stress devient prolongé, cette hormone aide à maintenir l’énergie nécessaire en ralentissant temporairement des fonctions non vitales, comme la digestion ou l’immunité.
- Ces réponses biologiques sont essentielles pour survivre à des situations extrêmes. Cependant, si elles perdurent après la menace, elles peuvent devenir nuisibles.
Le Figement : Quand Agir n’est Plus Possible
Parfois, lorsque la menace est perçue comme insurmontable, une autre réponse de survie apparaît : le figement.
Le corps se met en pause, avec une réduction des mouvements et une anesthésie émotionnelle temporaire.
Ce mécanisme protège l’individu d’un choc immédiat en réduisant l’impact perçu de la situation.
Cependant, cette immobilité peut entraîner des sentiments d’impuissance ou de déconnexion, qui peuvent persister bien après l’événement.
Mémoire Traumatique : Quand les Souvenirs se Fragmentent
Le stress intense perturbe le fonctionnement des zones du cerveau responsables de la mémoire, notamment l’hippocampe et le cortex préfrontal.
L’hippocampe, qui classe et organise les souvenirs, est submergé par les hormones du stress.
Résultat : les souvenirs traumatiques sont mal intégrés, restant à l’état de fragments sensoriels ou émotionnels.
Ces fragments peuvent resurgir de manière intrusive, provoquant des flashbacks où l’événement semble se rejouer, avec la même intensité émotionnelle.
Reconstruire Après le Trauma : L’Art de l’Intégration
Guérir d’un traumatisme ne signifie pas oublier, mais intégrer l’expérience dans une narration cohérente. Ce processus permet de donner un sens aux événements vécus et de les inscrire dans son histoire personnelle, sans qu’ils continuent de perturber le présent.
Des approches thérapeutiques spécifiques, comme l’ICV, facilitent cette réorganisation en travaillant sur les souvenirs fragmentés et les réactions corporelles associées.
Mieux Comprendre pour Avancer
Le traumatisme est une expérience qui affecte autant le corps que l’esprit. En comprendre les mécanismes permet de mieux appréhender ses propres réactions et de s’engager dans un processus de guérison. Si vous vous retrouvez dans ces descriptions, sachez qu’il existe des outils et des accompagnements adaptés pour retrouver un équilibre et avancer vers une vie apaisée.
« Vous pouvez ne pas contrôler ce qui vous arrive, mais vous pouvez choisir de ne pas rester prisonnier du passé. » – Maya Angelou
« La guérison ne signifie pas que le dommage n’a jamais existé. Cela signifie que le traumatisme ne contrôle plus votre vie. » Bessel van der Kolk