Delphine Leca

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Comprendre la mémoire: formes, fonctions et fondements.

Définition de la mémoire:

La mémoire est une faculté essentielle du cerveau humain permettant d’enregistrer, conserver et réutiliser des informations. Elle est au cœur de notre capacité à apprendre, à agir au quotidien, et à interagir avec notre environnement. Sans elle, nous serions incapables de retenir des informations aussi élémentaires qu’un numéro de téléphone ou des compétences complexes comme la pratique du vélo ou la reconnaissance des visages familiers. La mémoire structure nos connaissances, guide nos pensées, influence nos décisions, et contribue fondamentalement à la construction de notre identité personnelle.

Les différents types de mémoire:

Contrairement à l’idée d’un stockage unique des souvenirs, la mémoire comprend plusieurs systèmes interconnectés qui travaillent ensemble pour assurer l’encodage, le stockage et la restitution des informations. On distingue généralement trois catégories selon la durée de rétention : la mémoire sensorielle, la mémoire à court terme (ou mémoire de travail), et la mémoire à long terme.

  • La mémoire sensorielle

La mémoire sensorielle, très brève et inconsciente, capture automatiquement les informations perçues par nos sens (vue, ouïe, toucher, odorat, goût). Sa durée de rétention est inférieure à une seconde. Par exemple, la mémoire iconique enregistre une image fugace, tandis que la mémoire échoïque conserve momentanément un son entendu. Cette mémoire agit comme un filtre préliminaire, ne conservant que les informations jugées pertinentes pour un traitement ultérieur en mémoire à court terme.

  • La mémoire à court terme (mémoire de travail)

La mémoire à court terme stocke temporairement un nombre limité d’informations (environ 7 éléments ±2) pendant quelques secondes seulement. Elle devient « mémoire de travail » lorsqu’elle implique une manipulation active des informations, comme retenir un numéro de téléphone juste le temps nécessaire pour le composer ou réaliser un calcul mental en conservant des résultats intermédiaires. La consolidation des informations de la mémoire de travail vers la mémoire à long terme nécessite une répétition active ou l’association avec des connaissances préalablement acquises.

  • La mémoire à long terme

La mémoire à long terme stocke les informations de façon durable, potentiellement tout au long de la vie. Elle possède une capacité quasiment illimitée et se divise en plusieurs sous-types :

1- Mémoire déclarative (explicite) : consciente et verbalisable:

 Il s’agit de la mémoire consciente des faits, données et événements que l’on peut exprimer verbalement (on « déclare » ce que l’on sait). Elle comprend deux sous-systèmes principaux : la mémoire épisodique et la mémoire sémantique. La mémoire déclarative est dite explicite car elle nécessite un rappel intentionnel et conscient des informations stockées.  

  • Mémoire épisodique : concerne les événements vécus personnellement, situés dans un contexte précis (lieu, temps, émotions).
  • Mémoire sémantique : concerne les connaissances générales, abstraites et contextuellement indépendantes (faits, concepts, règles de grammaire).

Ces deux types de mémoire interagissent constamment : les souvenirs épisodiques peuvent progressivement devenir des connaissances sémantiques, et inversement, les connaissances sémantiques sont souvent enrichies par des expériences personnelles.

2- Mémoire non déclarative (implicite) : inconsciente et automatique:

Ce terme regroupe les formes de mémoire à long terme qui s’exercent *sans effort conscient, c’est-à-dire de façon automatique. On parle de mémoire *implicite car ces souvenirs influencent notre comportement sans que nous ayons besoin de les rappeler intentionnellement. Ces mémoires implicites englobent plusieurs sous-types, notamment :  

  • Mémoire procédurale : elle conserve les savoir-faire moteurs et cognitifs (faire du vélo, jouer du piano), automatisés par répétition.
  • Conditionnement et amorçage : des processus automatiques influençant nos comportements et perceptions sans conscience directe, comme réagir émotionnellement à une musique associée à un souvenir ou reconnaître facilement un visage familier. (conditionnement = associations automatisées qui se créent/ amorçage = exposition préalable à un stimulus qui facilite le traitement d’un stimulus ultérieur similaire).  
  • La mémoire perceptive est parfois distinguée également : c’est la capacité de retenir inconsciemment des schémas sensoriels (formes, visages, mélodies) facilitant leur reconnaissance ultérieure.
    Toutes ces formes de mémoire implicite opèrent sans que nous en ayons une conscience directe, mais elles influencent nos perceptions et nos actions au quotidien (reconnaître instantanément un objet familier, retrouver son chemin par habitude, etc.).

Bases neurologiques des types de mémoire

Chaque type de mémoire repose sur des circuits neuronaux spécifiques :

•⁠ ⁠Mémoire sensorielle : aires corticales sensorielles primaires correspondant à chaque modalité sensorielle (par exemple, cortex visuel et auditif).
•⁠ ⁠Mémoire de travail : principalement le cortex préfrontal, associé à des régions pariétales pour la gestion des informations visuo-spatiales.
•⁠ ⁠Mémoire sémantique : cortex cérébral associatif, en particulier les lobes temporaux et pariétaux, organisés en vastes réseaux neuronaux distribués.
•⁠ ⁠Mémoire épisodique : lobe temporal médian (notamment l’hippocampe) essentiel à la consolidation des souvenirs et cortex préfrontal pour l’encodage et le rappel volontaire.
•⁠ ⁠Mémoire procédurale et implicite : circuits profonds sous-corticaux tels que les ganglions de la base (striatum) et le cervelet, impliqués dans l’apprentissage moteur et la coordination fine. L’amygdale joue un rôle clé dans les souvenirs émotionnels.

Ainsi, les différents systèmes de mémoire fonctionnent ensemble, formant un réseau complexe et dynamique permettant à l’individu de naviguer efficacement dans le monde.

Chaque type de mémoire repose sur des circuits neuronaux spécifiques.

Sources principales:

•⁠ ⁠Institut du cerveau : https://institutducerveau.org/fiches-fonctions-cerveau/memoire-0
•⁠ ⁠Inserm, La science pour la santé : https://www.inserm.fr/dossier/memoire
•⁠ ⁠Globeconteur : https://globeconteur.org/wp-content/uploads/2021/05/Fiche-synthese-_Memoires-et-cerveau.pdf
•⁠ ⁠Wikipédia (Mémoire procédurale) : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_proc%C3%A9durale
•⁠ ⁠Thèse sur la mémoire procédurale : https://www.theses.fr/2020GRALV032

Delphine Leca

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